C’est devant une salle comble que Lionel Barriquand (Laboratoire Edytem, Université Savoie-Mont-Blanc, UMR 5204), a tenu lundi 19 juin 2023 en soirée, une conférence très suivie retraçant l’historique des travaux anciens et actuels réalisés dans la grotte des Furtins par une équipe pluridisciplinaire composée d’archéologues, préhistoriens, palynologues, spécialistes des micro-organismes, géologues, topographes et associant plusieurs laboratoires notamment pour les datations…
Les différentes campagnes d’études récentes ont été réalisées notamment avec le soutien de l’État (DRAC Bourgogne Franche-Comté) et celui des « Amis du Vieux Berzé » qui ont apporté leur aide financière et logistique afin de préparer le terrain et le rendre exploitable pour les prospections géophysiques…
Lionel Barriquand a rendu hommage aux archéologues précurseurs qui, les premiers, ont exploré la cavité au XIXe siècle : Henri Testot-Ferry, puis Adrien Arcelin et surtout, après la seconde Guerre mondiale, André Leroi-Gourhan, anthropologue, qui organisa sa première école de fouille aux Furtins, avec une équipe structurée et déjà pluridisciplinaire qui a donné lieu aux premiers relevés stratigraphiques en 3 dimensions : x, y, z.
Lionel Barriquand a rappelé les différentes occupations mises en évidence dans la grotte :
La plus ancienne, au Pléistocène supérieur, la grotte est fréquentée par les ours, dont plusieurs crânes ont été retrouvés.
La plus ancienne occupation humaine, pour laquelle André Leroi-Gourhan, avait tenté de nommer l’industrie sur chaille (mauvais silex) mise au jour « Berzévillien », remonte au Paléolithique supérieur. Une occupation magdalénienne, vers 15 000 av J.-C. a livré de nombreux nucléi ayant permis aux occupants de tailler des outils en silex, mais aussi des lissoirs en os, des aiguilles à chas décorées. Certains de ces objets sont visibles aujourd’hui dans les vitrines du Musée de Préhistoire à Solutré…
A l’époque romaine, la cavité a probablement servi de refuge aux habitants de la contrée durant les invasions comme l’indiquent le mobilier retrouvé : céramique, monnaie… Aux époques mérovingienne puis carolingienne la grotte a servi de bergerie : l’espace était partagé par un mur et certains sols renfermaient un taux de phosphate très élevé !
Les travaux actuels s’attachent à réaliser une cartographie scanner 3D de la cavité, dont nous n’avons aujourd’hui qu’une vision très partielle en raison des nombreux éboulements qui se sont produits, notamment au Moyen-Âge, le fameux tremblement de terre signalé à Cluny en 1154 !
La tomographie électrique réalisée en 2022, sous forme de 21 profils topographiques disposés sur le flanc de la colline au-dessus de la grotte, permettra de tenter de tracer le plan complet de la cavité et de mettre en évidence les entrées d’origine, mais cela nécessitera, dans l’avenir, de réaliser des sondages de vérification.